Le Père aime le silence, puisqu’il ne saurait manquer, tandis que de sa substance il engendre ineffablement son Verbe éternel et le révèle, de requérir pour la bonne intelligence de ce mystère, l’attention de l’oreille du cœur. Aussi dit-il dans le psaume : De mon cœur s’est élancée la bonne parole (cf. Ps 44,1 vg).

Le Verbe, lui aussi, exige et non sans motif, que l’on fasse silence. Gardant en effet en lui tous les trésors de la science et de la sagesse, il a, pour les inculquer à nos oreilles, adopté notre humanité comme une sorte de langue connue de nous. [...]

Quant à l’amour du Saint-Esprit pour le silence, le Seigneur en témoigne par son Prophète : Sur qui, dit-il, reposera mon esprit, si ce n’est sur l’homme humble et paisible, sur celui qui respecte mes paroles ? Là où se rencontrent le calme et l’humilité, il va aussi de soi que, dans le repos du silence spirituel, la paix et la tranquillité célèbrent leur festivité. Le silence est ami de la paix, ami de la tranquillité ; on ne peut vivre le sabbat du cœur là où la turbulence des lèvres n’est pas réprimée par la discipline du silence.

Adam de Perseigne, Lettre 29 (Archives du Maine, p205-212)