L’homme pécheur, soumis en toute justice à la mort, en proie à de multiples maux, effets de la colère de Dieu, ne pouvait guère espérer l’amour de Dieu. Ces pensées pouvaient lui monter à l’esprit : « Comment me croire aimé de Dieu puisqu’il m’accable ainsi ? Que puis-je espérer de bon de sa part, puisqu’il a déversé sur moi son indignation et ne m’a pas épargné la mort ? S’il m’aimait, sa justice ne m’accablerait pas ainsi, sa colère ne mettrait pas de frein à sa miséricorde mais il laisserait de côté son indignation que j’ai méritée, il m’accorderait son pardon, me remettrait ma dette et m’acquitterait de la condamnation à la peine de la mort »

Oui semblait haïr l’homme, puisque sa colère tombait sur lui et qu’il portait contre une sentence de mort. Mais on a vu qu’il l’aimait quand on l’a vu détruire lui-même le péché, et prendre sur lui, la peine de la mort.

La mort est donc à la fois signe de haine et d’amour, mais de haine contre la faute que l’homme à commise, d’amour pour cette nature [humaine] que Dieu a créée. [...] La mort est à la fois colère et miséricorde, sentence et bienfait, condamnation et aminstie, indignation et réconciliation. Dieu nous a fourni ce remède pour nous rétablir et il l’a réglé de telle sorte qu’il a changé la fureur de son indignation en mystère de rédemption, et en secours de délivrance. [...]

L’homme présent ne peut plus dire : Dieu ne m’aime pas, il ne m’a pas épargné la mort ; il doit dire plutôt, stupéfait : Comme Dieu m’aime : pour m’épargner la mort, il ne se l’est pas épargnée à lui-même !

Baudouin de Ford, Traités, 10 (cf. Pain de Cîteaux, 39, p. 19-21)