Abbaye de La Trappe Abbaye de La Trappe
Accueil du site > Spiritualité > Bible > Ps 18,1 Cantique

Ps 18,1 Cantique

dimanche 12 septembre 2010, par Frère Paul

Le Te Deum de David

Le Ps 18 est appelé « Te Deum royal » dans la Bible de Jérusalem, c’est-à-dire action de grâce solennelle pour des événements liés à la personne du roi. Le titre hébreu emploie le mot שִׁירָה, dont le français « cantique » n’est qu’un mauvais équivalent. En effet, שִׁירָה est exceptionnellement rare : il n’apparaît qu’ici dans le livre des Psaumes, contre 33 fois שִׁיר « chant » (en se limitant aux titres). On ne le trouve que 9 fois dans la Torah et les Prophètes antérieurs, pour désigner :

Ainsi, comme il y le Cantique de la Mer (שִׁירַת הַיָּם) et le Cantique de Moïse (שִׁירַת מוֹשֶׁה), il y a le Cantique de David (שִׂירַת דָּוִד), à la fois chant d’action de grâce et mémorial pour toutes les générations.

Et voici ce qu’en dit le midrash Shoḥer Tov :

אָמַר רַבִּי סִימוֹן, לֹא כָּל מִי שֶׁהוּא רוֹצֶה לוֹמַר שִׁירָה אוֹמֵר, אֶלָּא כָּל מִי שֶׁנַּעֲשָׂה לוֹ נֵס וְאוֹמֵר שִׁירָה, בְּיָדוּעַ שֶׁמּוֹחֲלִין לוֹ כָּל עֲווֹנוֹתָיו וְנַעֲשֶׂה בְּרִיָּה חֲדָשָׁה. וְיִשְׂרָאֵל כְּשֶׁנַּעֲשָׁה לָהֶם נֵס וְאָמְרוּ שִׁירָה נִמְחֲלוּ כָּל עֲוֹנוֹתֵיהֶם, שֶׁנֶּאֱמַר (שמות טו כב) וַיַּסַּע משֶׁה אֶת יִשְׂרָאֵל מִיָּם סוּף. מְלַמֵּד שֶׁהִסִּיעַ מֵהֶן חֲטָאֵיהֶן שֶׁהָטְאוּ עַל יָם סוּף, שֶׁנֶּנֱמַר (תה׳ קו ז) וַיַּמְרוּ עַל יָם סוּף. וְכֵן אַתָּה מוֹצֵא בִּימֵי דְּבוֹרָה וּבָרָק, שֶׁנַעֲשָׂה לָהֶם נֵס וְאָמְרוּ שִׁירָה, שֶׁנֶּאֱמַר (שופ׳ ה א) וַתָּשַׁר דְּבוֹרָה וּבָרָק בֶּן־אֲבִינֹעַם. מִנַּיִן שֶׁנִמְחַלוּ לָהֶן עַוֹנוֹתֵיהֶן. דִּסְמִיךְ לֵיה אַחַר הַשִּׁרָה (שם ו א) וַיַּעֲשׁוּ בְנֵי יִשְׁרָאֵל הָרַע בְּעֵינֵי ה׳. אָמַר ר׳ אַבָּהוּ, בְּכָל מָקוֹם כְּתִיב וַיּוֹסִיפוּ בְּנֵי יִשְׁרָאֵל לַעֲשׂוֹת הָרַע, וְאַחַר שִׁירַת דְּבוֹרָה כְּתיִב עוֹד וַיַּעֲשׁוּ בְנֵי יִשְׁרָאֵל. תְּחִלַּת עֲשִׂיָּה, וְהֵיכָן מַה שֶּׁעָשׂוּ לְשֶׁעָבַר. אֶלָּא שֶׁמָחַל לָהֶם הקב״ה בְּשָׁעָה שֶׁאָמְרוּ שִׁירָה. וְכֵן הוּא אוֹמֵר בְּדָוִד שֶׁנַעֲשָׂה לוֹ נֵס וְאָמַר שִׁירָה, וּמִנַּיִן שֶׁנִּמְחַלוּ לוֹ עֲוֹנוֹתָיו, דִּכְתִיב אַחַר הַשִּׁירָה (שמ״ב כג ה) וְאֵלֶּה דִּבְרֵי דָוִד הָאַֽחֲרֹנִים. וְהֵיכָן הֶם הָרִאשׁוֹנִם, אֶלָּא מְלַמֵּד שֶׁמָחַל לוֹ הקב״ה כָּל עֲוֹנוֹתָיו לְשֶׁעָבַר.

Rabbi Simon dit : ce n’est pas n’importe qui qui peut dire une shirah, mais seulement celui qui a bénéficié d’un miracle et qui dit une shirah en sachant que toutes ses fautes ont été effacées et qu’il est devenu une créature nouvelle. Ainsi, lorsque les fils d’Israël ont bénéficié d’un miracle et ont dit une shirah, toutes leurs fautes ont été effacées, comme il est dit (Ex 15,22) Moïse ôta/fit partir Israël de la Mer des Joncs. C’est-à-dire : il a ôté d’eux les fautes qu’ils avaient commises au bord de la Mer des Joncs, ainsi qu’il est dit (Ps 106,7) Ils se sont révoltés au bord de la Mer des Joncs. De même, tu trouves qu’aux jours de Déborah et Baraq ils ont bénéficié d’un miracle et ont dit une shirah, comme il est dit : (Jg 5,1) Et Déborah et Baraq fils d’Abinoam chantèrent. D’où sait-on que leurs fautes ont été effacées ? C’est qu’après la shirah il est ajouté (Jg 6,1) : Les fils d’Israël firent ce qui est mal aux yeux du Seigneur. R. Abahu dit : partout ailleurs, il est écrit que les fils d’Israël continuèrent à faire le mal, mais après la shirah de Déborah, il est écrit que les fils d’Israël le firent — commencèrent à le faire. Où est donc passé celui qu’ils avaient fait auparavant, si ce n’est que le Saint béni soit-Il leur a pardonné au moment où ils ont dit la shirah. De même, il est dit pour David qu’un miracle a été accompli pour lui et qu’il a dit une shirah. D’où sait-on que ses fautes ont été effacées ? De ce qu’il est écrit après la shirah : (2 Sam 23,1a) Tels sont les derniers faits de David. Où est-il question des premiers ? [Nulle part,] mais c’est pour t’enseigner que le Saint béni soit-Il lui a pardonné toutes ses fautes passées.

Explication : le midrash ne retient que le Cantique de la Mer et le cantique de David, auxquels il associe le cantique de Déborah, à cause de Jg 5,1 (bien que le mot shirah n’apparaisse pas).

Pour qu’il y ait shirah, il faut qu’il y ait deux choses, qui à vrai dire se rejoignent : délivrance miraculeuse et pardon des péchés. Ainsi, la shirah est l’expression d’une expérience salvifique fondamentale, comparable à une nouvelle création. Cela se vérifie dans le cas du passage de la Mer Rouge, comme dans celui de la victoire de Déborah et Baraq sur les Cananéens. Dans ce dernier cas (Jg 5), la shirah est entourée de Jg 4,1 Les fils d’Israël continuèrent à faire ce qui est mal et Jg 6,1 Les fils d’Israël firent ce qui est mal (à nouveau) : c’est donc qu’entretemps, le péché a été effacé... au moment où ils dirent la shirah !

De même pour David : 2 Sam 23,1a (le début du verset) est référé à la shirah qui précède. Celle-ci, comme le Ps 18 qui lui correspond, présente David comme quelqu’un d’intégralement pur. Si l’on comprend ici דִּבְרֵי דָוִד au sens de « faits », « actes », comme en 1 Rois 11,41 Le reste des actes de Salomon etc. cela signifie que Dieu a effacé, pardonné tous les faits impurs que David a pu commettre auparavant.

Puissions-nous, nous aussi, faire l’expérience du salut intégral et de la régénération, pour être digne de chanter un Te Deum à notre Dieu !

Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Nous contacter | Crédits Remonter