J’ai cherché, dit l’Épouse, celui que mon cœur aime. C’est à quoi t’incite la bonté de celui qui t’a prévenue, te cherchant et t’aimant le premier. Tu ne le chercherais pas, si tu n’étais cherchée d’abord, comme tu ne l’aimerais pas sans en avoir été aimée d’abord. Ce n’est pas une seule et unique grâce, mais bien deux, qui t’ont devancée : l’amour et la recherche. L’amour est la cause de la recherche ; la recherche et la certitude sont fuit de l’amour. Tu es aimée, de sorte que tu ne peux te croire recherchée en vue du supplice. Tu es cherchée, si bien que tu n’iras pas te plaindre d’être aimée en vain. Cette double grâce est si pleine de tendresse qu’elle t’a donné l’audace, t’a dépouillée de toute crainte, t’a persuadée de revenir et réveillé ton amour. De là vient cette ferveur avec laquelle ton âme se met en quête du Bien-Aimé car, sans être d’abord toi-même cherchée, tu ne pouvais le chercher, et maintenant que tu es cherchée, tu ne peux pas ne pas le chercher.

Bernard de Clairvaux, Sermons sur le Cantique des cantiques, 84, 4-5 (cf. SBO II, p. 305)