Que veux le serviteur, sinon devenir fils ? Mais qui donc, mes frères, oserait en avoir la plus légère idée, si la générosité même de Dieu ne le permettait et ne le promettait ? Nous étions impies et par le fait même ennemis, sans rien opérer, sans rien espérer pour notre salut ; et par pure grâce,il est venu, inopinément, il nous a prévenus, celui qui nous a aimés le premier, le Christ, et qui est mort pour des impies. [...]

Nous étions ennemis, esclaves du péché, émancipés de la justice. Le Fils nous a libérés et en toute vérité nous avons été libérés du péché et du diable, en devenant esclaves de la justice. Et c’est le premier degré. [...]

Faire le bien, donc, accomplir les œuvres vertueuses de justice et de miséricorde est l’affaire du serviteur ; tandis que l’ami partage les secrets, connaît les desseins ? Aussi - et c’est le second degré - les ennemis de jadis, devenus serviteurs, entendent la parole : Je ne nous appellerai plus mes serviteurs, mais mes amis (Jn 15,15).

Qu’attendons-nous encore ? Qu’au troisième degré, d’amis nous devenions frères du Christ, fils de Dieu et, ainsi, puisque les fils sont héritiers (cf. Rm 8,17), que finalement nous devenions ses héritiers.

Isaac de l’Étoile, Sermons pour la Toussaint, 5,1-2, (cf. SC 130)